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UN MARIAGE ARRANGÉ

 

La société du spectacle

Guy Debord l’avait annoncé dans les années 70, nous sommes dans La société du spectacle.

« L'aliénation du spectateur au profit de l'objet contemplé s'exprime ainsi : plus il contemple, moins il vit ; plus il accepte de se reconnaître dans les images dominantes du besoin, moins il comprend sa propre existence et son propre désir. (…). C'est pourquoi le spectateur ne se sent chez lui nulle part, car le spectacle est partout. »

Les sociétés dans lesquelles règnent les conditions modernes de production s'annoncent comme une immense accumulation de spectacles. Tout ce qui était directement vécu s'est éloigné dans une représentation.

 

Les dérives de l’info-spectacle 

Les journalistes et les photojournalistes, plus encore les photographes, cédant à ces images dominantes du besoin immédiat des diffuseurs (Magazines et autres) n’analysent pas leur photo, ne prennent pas le temps de vérifier sa qualité, sa pertinence.

 

Ce type d’information  diffusé à la vitesse de la lumière, constitue une menace pour l’éthique de la presse et son corollaire, la démocratie. Or l’immédiateté de la transmission de la photo peut être dévastatrice, voire dégradante, c’est un travail Irresponsable et affligeant dont les acteurs (photographes…) ne sont pas responsables sinon les diffuseurs au nom du Scoop et, in fine, du profit. La réelle liberté de la presse, les dérives de l’info-spectacle sont étroitement liées à ceux des annonceurs qui les font vivre. 

 

Conséquence, rentabilité oblige, on procède au traitement vite fait et à bon marché, de l’info.

 

« Nous sommes des voleurs mais faut donner, faut rendre », Henri Cartier-Bresson

La mission n’a pas changé elle est celle de documenter au plus près de la réalité, de fournir un travail bien fait. Comment y parvenir quand, on l’a vu plus haut, le photographe ne consacre plus de temps à sélectionner la bonne image, celle qui capte l'atmosphère, la vibration du vivant ? Seul l’écrit résiste a minima, en imposant le temps plus ou moins long de la réflexion et de l’analyse. Le danger provient de l'immédiateté de l'information.

L’immersion, le suivi au plus près des réalités, c’est cela qui fait un bon photographe de presse

Le photojournalisme est un moyen d’expression indispensable à une démocratie. Son credo étant d’explorer, d’observer le monde, avec lenteur, curiosité, sensibilité et souvent fascination.

 

Pour autant, le pessimisme n’est pas de rigueur 

L’âge d’or a du plomb dans l'aile mais le pessimisme n’est pas de rigueur, c’est l’ancienne conception qui a pris fin. Avant, quand il se passait quelque chose dans le monde, le photojournaliste partait (reportage prépayé dans le meilleur des cas), ce n’est plus le cas, le numérique a bouleversé la donne mais il y a toujours matière à documenter. Beaucoup de jeunes gens talentueux, s’étant rendu compte que la presse ne les nourrirait pas, trouvent un financement, conçoivent et réalisent un reportage de A à Z.

Guy Rieutort

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